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Mercedes-Benz Typ „Großer Mercedes“ (W 150) 1938-1943
30 avril 2017

Les survivantes: Offener Tourenwagen du dictateur croate (Le "Poglavnik") Ante Pavelic

Parmi toutes les 770 w150 produites, l'une d'elle aura connu un extraordinaire destin...

 Début 2017, nous sommes dans la banlieue de Moscou. Depuis la rue, un escalier raide mène au sous-sol. Là, dans une grande salle, impeccablement rangées, une multitude de pièces de rechange, et une dizaine d'ouvriers qui s'affairent à redonner vie à de nombreuses voitures d'un autre temps. Certaines sont à elles seules des légendes, indépendamment de l'identité de leurs anciens propriétaires.D'autres tirent leur renommée de ceux pour lesquelles elles ont été concues. Tel est le cas de celle-ci, une 770 w150, qui n'est autre que celle d'un certain Ante Pavelic.

Ante Pavelić (14 juillet 1889 – 28 décembre 1959) était un homme politique croate. Fondateur du mouvement nationaliste croate des Oustachis (Ustaše), il fut le dirigeant de l’État indépendant de Croatie (Nezavisna Država Hrvatska, NDH) pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il s’engage en politique au sein du Parti croate du Droit, un mAnte_Pavelićouvement nationaliste partisan de l’indépendance de la Croatie. Élu député en 1927, il est contraint à l’exil en 1929 lors de l’avènement du roi Alexandre Ier. À Rome où il s'installe, il fonde le parti des Oustachis en collaboration avec les membres de la faction dure du Parti croate du Droit, exilés comme lui. Le groupe s'inspire des méthodes et reçoit les conseils de l'ORIM, avec lequel il organise l'assassinat d'Alexandre Ier,  le 9 octobre 1934 à Marseille.

Après l'Invasion de la Yougoslavie par les forces de l’Axe, Pavelić devient le dirigeant de l’État indépendant de Croatie. Le régime en place persécute et assassine 35 000 Juifs, entre 172 000 et 290 000 Serbes et 25 000 Tziganes, ainsi que les opposants croates (notamment communistes). Après avoir promulgué des lois anti-juives, Pavelić crée le camp de concentration de Jasenovac. En 1945, Pavelić s’enfuit et se réfugie en Autriche, puis à Rome, avant de s’installer en Argentine. En 1957, il est blessé lors de deux tentatives d’assassinat, vraisemblablement commanditées par les services secrets yougoslaves. Il se réfugie alors à Madrid, où il meurt en 1959.

 

 

Le sort de sa voiture peut sembler fantastique. Elle a traversé la moitié du monde de l'Allemagne à l'Ouzbékistan, jusqu'aux années 2000 où elle a rejoint le  Musée de la Technologie fondé par Vadim Zadorozhnogo.

Remontons à nouveau le temps

Vendredi 6 juin 1941. Une 770 Offener Tourenwagen de la Chancellerie du Reich gravit la pente qui mène au Berghof, la résidence de Hitler en Haute-Bavière, à Berstechgaden au sud de Salzbourg et au sud-est de Munich, près de la frontière autrichienne...

("Deutsche Wochenschau" n°562 du 11 juin 1941)

A son bord, Mladen Lorkovic, Secrétaire aux Affaires étrangères croate, Andrija Artukovic Ministre de l'Intérieur du NDH et le"Poglavnik"Ante Pavelic. Ceux-ci viennent discuter avec le Führer accompagné du Ministre des Affaires Etrangères Joachim Von Ribbentrop et du Maréchal Hermann Goering.

Nul doute que sur le chemin, le croate n'ait été impressionné par une si somptueuse et imposante voiture.

Pour Hitler, Ante Pavelic est plus qu'un allié et un qu'un collaborateur. Il partage pleinement l'idéologie hitlérienne et parmi tous les dirigeants qui se mirent volontairement au service du maître de l'Allemagne, aucun ne sera plus fidèle et soumis. Et comme il en avait l'habitude avec tout ceux qui l'aidait dans ses funestes desseins, le Führer  offrit à Pavelic une Mercedes Benz 770 w150 en remerciement pour la contribution de son pays à l'invasion allemande de l'Union soviétique.

La commande fût passée en juillet 1941 sous le numéro 398.479 et tout au long des cinq mois nécessaires à la construction de la voiture, le fidèle Erich Kempka, chauffeur du Führer et responsable du parc automobile de la Chancellerie,  supervisa les moindres détails.

 

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Le 21 février 1942, Ante Pavelic reçut enfin son somptueux cadeau des mains de Jakob Werlin, le confident de Hitler et son conseiller pour les questions automobiles, qui plus est membre de la SS à titre honorifique, membre du conseil d' administration de Daimer-Benz AG et Inspecteur général pour l'industrie automobile, et de Siegfried Kasche ambassadeur duReich auprès de l'Etat croate.

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La remise de la voiture se fit en grande pompe à Zagreb et sous l'oeil des caméras.

 

 

Immatriculée "NDH - Zagreb" (NDH pour Nezavisna Država Hrvatska : Nouvel État indépendant de Croatie), la 770 du  "Poglavnik,  numéro de série 429318, fût de toutes les manifestations officielles, arborant, fixé sur l'aile droite, le fanion personnel du dictateur, un drapeau à damier comportant des carrés blancs et rouges avec la lettre "U" dans le coin supérieur gauche.

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Le sort réservé à la voiture est resté longtemps incertain, jusqu'à la parution d'un article dans la
revue slovène AVTO MOTOR CLASSIC,     qui dans son numéro 40-85 a levé un coin du voile...

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AUTO REVUE page_35

 

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Printemps 1945. Les troupes de Tito avancent inéxorablement vers Zagreb que Pavelic quitte avec son fils à bord de la 770 pour rallier la Carinthie en Autriche, où il pense pouvoir négocier avec les occidentaux. Mais les choses ne se passent pas comme il l'espérait, et il doit abandonner la voiture pour fuir dans les bois et se cacher. La 770 tomba alors dans les mains des partisans de Tito et ce dernier l'offrit à Staline. Cadeau bien encombrant pour le russe, qui non seulement disposait d'une ZIS blindée, mais ne désirait pas non plus parader dans une voiture allemande trop marquée de l'ombre d'Hitler, un Hitler avec lequel il avait pactisé en 1939!

Par conséquent, Staline se débarassa de la voiture au profit du Premier secrétaire du Parti communiste outzbèque Ousman Yousoupov. C'est ainsi qu'elle prit la route de l'Ouzbékistan! Cependant, elle ne resta pas longtemps dans les garages du gouvernement local et pour des raisons assez évidentes. Peu importait les qualités de la voiture au regard de la quasi impossibilité d'assurer sa maintenance et notamment pour se procurer des pièces de rechange. Aussi, après avoir été cédée au  chauffeur personnel de Yousoupov, elle tomba entre les mains d'un propriétaire privé qui décida de la transformer en véhicule utilitaire et de remplacer ses organes d'origine par des pièces de fabrication soviétique, pièces dont on connait la piètre fiabilité.

C'est ainsi que la belle 770 fût défigurée, et au lieu de véhiculer des personnalités termina sa carrière en portant des melons au marché! jusqu'au jour où elle rendit l'âme définitivement. C'est au fond d'une arrière cour d'une ferme de la steppe outzbèque où elle pourrissait jour après jour, que le salut se présenta pour elle...

 

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En 2002, sur les traces de "grandes Mercedes" vint de Russie une équipe de passionnés sous la direction de Vadim Zadorozhnogo. Ce dernier, qui a fondé un musée privé, réalisa qu'il avait en face de lui, une voiture exceptionnelle, peut être une de celles qui avaient véhiculés Hitler, et qu'il ne pouvait pas passer à côté d'une telle opportunité. Par chance, les plaques portant les numéros de  moteur et de châssis étaient intactes, et Vadim Zadorozhnogo n'eut aucun mal à l'identifier. C'est ainsi que la 770 accomplit son ultime périple qui l'amena en Russie.

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On imagine sans peine la perplexité des restaurateurs face à un engin dont tant d'élements de carrosserie et de pièces mécaniques étaient absentes. Commença alors, un long travail de recherche d'autant plus ardu que seuls 88 exemplaires de la w150 ont vu le jour. Le monde entier fût écumé : le moteur et la transmission en Allemagne, des pièces de carrosserie dans des lieux improbables, de menues accessoires un peu partout. 

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S'ensuivirent quatorze années d'un travail acharné et à ce jour, 90% de la voiture ont pu être reconstitué. Nul doute que bientôt l'Offener Tourenwagen d'Ante Pavelic viendra s'aligner auprès d'une autre 770, une Innenlenker Limousine dont je vous raconterai l'histoire un peu plus tard...

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